Dans un crissement de chaussure vernie, tu écrases ton mégot avec un peu trop de dédain. L’horizon s’évanouit entre les volutes de fumée que tu laisses placidement fuir, la bouche entrouverte, et dans tes yeux c’est Big Ben qui s’endort. Furtivement, tu caresses la carcasse singulière de ton Colt, amant rassurant contre ta chemise. Tu le sais chargé, paré, prêt à jouer, à tirer. La Rolex à ton poignet indique elle aussi qu’il est temps, et sans un bruit, ta silhouette s’estompe, laissant sur le pont un parfum amer, funeste.
Le détective Jerry Loyd passe devant toi sans te voir, il court trop vite, il n’a pas le temps. Sa matraque à la main, braillant dans son talkie-walkie pour qu’enfin, on daigne lui envoyer des renforts, il aimerait bien que l’arrestation soit facile, il pourrait être rentré pour le dîner. Sa femme a fait des pommes de terre sautées.
Elle est en effet affalée sur le canapé, devant une émission à l’humour contestable, alors que ses enfants jouent à l’étage, et que le souper grésille dans la cuisine. Elle se demande si elle doit rappeler la banque demain, si il reste de la place chez l’esthéticienne, ce que son mari va lui offrir pour Noël, quel bulletin vont lui ramener ses rejetons. A mille lieux de se douter du carnage invisible et permanent qui a lieu dehors, elle s’enfonce un peu plus dans le sofa et pianote rageusement une sottise sur son smartphone.

Et quand vous fermerez les yeux, innocents, candides, les cerveaux du Mi6 s’activeront toujours, à l’autre bout de la ville, pour vous offrir une protection silencieuse. Que le mal soit derrière vous, dans votre poche, loin de votre esprit ou caché sous votre lit, que vous aillez peur de cette ombre affamée, le Blue Cosmos, entreprise anonyme aux agissements méconnus, ou que vous soyez seulement préoccupé par la couleur de vos ongles de pieds, le Mi6 est là pour vous.

Le Mi6 essaie d’être là pour vous.